L'Arcu di U Scandulaghju

 

On remonte le temps pour revenir au printemps 2014, des montagnes saupoudrées de restes de neige, un dénivelé colossal, des amis, une journée magnifique sous le soleil de Corte.

On a décidé de monter à l'Arche, comme ça, comme on décide d'aller balader au bord de l'eau... On connaît les chemins de randonnée autour de Corte, nous les empruntons depuis que nous sommes nés. Mais s'il en est un que nous n'avions jamais pratiqué en son intégralité, c'est bien celui de l'Arche. Bien des fois je m'y suis attelée, par froid glacial ou par temps printanier, sans finalement avoir de but précis. En promenade. Mais la promenade n'allait jamais bien loin, tant le dénivelé des premiers mètres donne le ton sur ce parcours.
Alors, ce jour-là, motivés comme jamais. On allait poser nos pieds sur l'Arche.

On ne savait pas trop combien de temps on mettrait pour l'atteindre, certains nous annonçaient 1h30 (la bonne blague), d'autres 2h30 à 3h... bref, on verra bien.

Posée sur la montagne depuis la nuit des temps, l'Arche est une des splendeurs de notre île façonnée par Dame Nature. L'hiver venant, elle se pare de ses plus belles couleurs, grâce à un manteau neigeux, qui, par beau temps, révèle toute sa beauté. Je rêve de pouvoir un jour la découvrir enneigée, avec un ciel parfaitement bleu.
Perchée à 1 452 mètres d'altitude, dominant la haute-vallée du Tavignanu, il n'en faut pas moins pour grimper puisque le dénivelé compte près de 1 000 mètres. Ça va grimper sec.

Autant vous dire qu'il faut être un minimum en forme et entraîné, avant de se lancer à l'assaut de cette randonnée. On a décidé d'y monter tranquillement, profitant de chaque instant, du lever du jour, de la brume matinale qui s'accroche aux montagnes, aux éléments de la nature colorés par un printemps qui fait timidement son apparition.
La première partie, celle qui mène jusqu'à la Casetta, est déjà raide, on sent les muscles de nos mollets se durcir au fur et à mesure de notre ascension. On est encore bien loin de notre but, et la vue sur Corte est déjà très impressionnante.
On s'offre une petite pause au soleil, cette première étape se poursuivra sans abri, en plein soleil pendant une heure, jusqu'à atteindre la croix de Corbaghiola à 1 145 mètres.

Le soleil frappe vraiment très fort ce matin-là, même aux heures les plus matinales, la progression est telle que nous sentons la chaleur avec éloquence sur notre peau. Cette première partie de la randonnée en plein soleil s'achève enfin lorsque nous arrivons sur ce plateau. Du haut de la croix, un nouveau panorama de la ville nous fait face, son image s'effaçant progressivement au rythme de nos pas.

D'ici, la vue sur le Monte Rotondu prend tout son sens, on le distingue immanquablement. Sur notre chemin, on fait de jolies rencontres, des vaches broutant ou faisant la sieste, de-ci, de-là, peu de randonneurs à cette heure de la journée, hors-saison, c'est pourtant le meilleur moment pour emprunter ce parcours peu ombragé, qui pourrait révéler de plus grandes difficultés l'été venu. La souffrance est déjà importante, n'y ajoutons pas une chaleur estivale de surcroît.

On poursuit notre randonnée en suivant les balisages oranges... quand, après un long moment de marche et de descente, nous sommes pris d'un doute. Le sentier descend énormément, d'un côté qui ne correspond pas vraiment et qui nous paraît anormalement correct... et qui plus est, ressemble étrangement au parcours du trail effectué dernièrement en ces lieux... des bouteilles d'eau pour les coureurs ont même été oubliées ici. On tente de vérifier les coordonnées GPS avec le téléphone, on essaie de suivre le chemin indiqué par celui-ci, on s'est visiblement plantés, un moment d'inattention et c'est plusieurs belles minutes de perdues... et de muscles déjà bien éreintés qui subissent un acharnement supplémentaire dont ils se seraient bien passés. Bref. Au-dessus de nous, culmine le sommet de Polverella, nous entamons une dernière grosse ascension dans une forêt parsemée de pins, de temps à autre, un soupçon de la jolie ville de Corte apparaît encore, de plus en plus loin.

On longera ensuite les crêtes jusqu'à finir par apercevoir la fameuse Arche. Majestueuse, se tenant face à nous, de 15 mètres de haut. L'effort en valait largement la peine, je ne pouvais mourir sans avoir vu cette beauté de mes propres yeux. D'autant qu'elle n'est vraiment pas loin de Corte. Le dénivelé nous aura assurément épuisés, mais les courbatures des jours qui suivront valaient la peine d'être vécus. 

On se calera ici quelques heures avant d'entamer la descente, profitant de l'instant présent, au sommet d'un des plus beaux paysages qui soient en haute montagne.

ITINÉRAIRE

Au départ de Corté, juste avant d'arriver au Musée de la Corse, se trouve un petit parking depuis lequel partent deux sentiers de randonnées cortenais : celui d'Antia dans la vallée du Tavignanu menant au refuge de A Sega, et celui de l'Arche, situé quelques mètres au-dessus. Tous deux sont indiqués par des panneaux non loin du parking.
Le départ du sentier se fait ici, une première ascension permet d'arriver à une Casetta en pierre, puis la randonnée se poursuit sur un long et sinueux chemin de terre surplombant la ville, au loin. On suit le balisage de cairns et marquages oranges, on arrive à un plateau sur lequel une croix culmine, la croix de Corbaghiola, nous sommes ici à 1 145 mètres d'altitude. La randonnée suit son cours dans une forêt de pins, jusqu'à atteindre des crêtes qui vont emmèneront au but de la randonnée : l'Arcu di U Scandulaghju.
Ensuite, si vous êtes un sportif confirmé, ou que vous avez du temps devant vous, vous pouvez continuer jusqu'aux bergeries d'E Padule et descendre pour faire une boucle de l'autre côté du Tavignanu en arrivant au Ponte di U Russulinu (le sentier qui mène au refuge de A Sega). Comptez au moins 6 heures pour effectuer la boucle. Une heure de moins si vous faîtes l'aller-retour Corté / Arche.


CONSEILS

  • Cette randonnée est assez difficile, ne vous surestimez pas si vous ne faîtes pas un minimum de sport, laissez-tomber

  • À faire hors-saison estivale (attention à la neige abondante en plein hiver)

  • Partir très tôt le matin car une grande partie du sentier se fera plein soleil, sans abri

  • Apporter de l’eau en grande quantité, même si cela est un peu lourd