2020, Le(s) voyage(s) intérieur(s)

 

Bien le bonjour par ici, ça fait un bail.
Je reviens timidement, sur la pointe des pieds, en silence, comme si de rien n’était, après une (très) longue pause. Je ne sais pas si quelqu’un lira ces mots, si quelqu’un sera encore là pour une nouvelle décennie, un nouveau moi, et peut-être un nouveau vous aussi ? Quoi qu’il en soit je ne voulais pas finir l’année sans ce blog, sans ce petit bout de moi.

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2020, ANNÉE TRANSITOIRE

On pourra clairement être d’accord sur un point : 2020 aura été une année tournée vers l’intérieur, au sens propre comme au sens figuré.

Une année 2020 en demi-teinte, partagée entre mon ressenti personnel et, plus largement, l’expérience collective.
De mon côté, après une année 2019 bouleversante, mon seul souhait pour 2020 était de prendre soin de moi, retrouver du temps pour moi, et je ne peux que constater avoir été chérie de ce côté-là, tout d’abord par des vacances prises pour la première fois de ma vie dans le seul et unique but de rester chez moi, prendre le temps que je n’ai jamais pris de toute ma vie. M’octroyer flânerie, lecture, bonne bouffe et série, faire ce que j’avais envie, quand j’en avais envie.
Puis, est arrivé le confinement, d’abord déboussolée, sonnée, j’ai vite pris cela comme une chance, dans notre malheur collectif. Ce que je désirais se présentait de nouveau à moi, comme si cela répondait à l’appel de mon corps, écrasé entre mille douleurs. Travailler de la maison a donc été mon nouveau train-train, pour le plus grand plaisir de mon toutou qui ne m’a pas quittée de l’année.

Je ne souhaite pas revenir sur l’épidémie, les décès, les complots, le racisme, la police, la politique et tout le chaos ambiant général dont nous avons été abreuvé tout au long de l’année, nous en sommes tous profondément épuisés. Néanmoins, malgré cette impression générale d’être au plus mal, au cœur d’un bouleversement total dans notre société, j’ai trouvé de nombreux soulèvements importants et nécessaires, et certains tendent à prouver que tout n’est pas perdu, et que si nous y mettons tous du nôtre, collectivement, nous en sortirons tous gagnants.

Outre cet aparté, je voulais revenir ici de manière plus spontanée, plus engagée aussi, et que mon blog ne soit plus un pourvoyeur de tourisme de masse, mais une poésie du quotidien. 2020 m’a prouvé que les voyages intérieurs pouvaient être aussi beaux, voire même plus beaux que les paysages sans cœur malmenés par instagram et le capitalisme ces dernières années. On ne peut clairement plus continuer avec des œillères comme on le fait, et s’il y a quelque chose de positif qui doit ressortir de cette année, c’est qu’il est grand temps de ralentir, si nous ne voulons pas nous perdre.

SE RETIRER DU MONDE - LA MÉTAMORPHOSE -

Telle une marmotte, j’ai vécu (et je vis encore un peu) cette année en retrait, comme pour résister au monde qui m’entoure.
Mais surtout pour me ressourcer, retrouver l’énergie nécessaire, le moral, la volonté d’aller au-delà. Être chez soi, avec soi, ne signifie pas toujours déprimer, cela est mal perçu, et pour beaucoup être casanier signifie forcément avoir un problème.
Mais ce n’est pas aussi simple, et pour éviter d’en faire un raccourci, cela permet aussi de s’extirper d’une fausse réalité, d’une réalité qui n’est peut-être pas en accord avec qui l’on est, ou encore, cela peut permettre de retrouver l’ennui, la créativité, ou dans le cas de dures épreuves de la vie, cela permet une plongée en soi, dans les méandres de ses pensées, dans les profondeurs de la vie, un besoin d’intérioriser, de réparer le vivant, au fond de soi, telle l’hibernation de la marmotte, cette mise en sommeil permet tout de même de réaliser quelques précieuses économies d’énergie, à toutes fins utiles.

De mille et une façons en 2020, j’ai voyagé, sans pour autant sortir de chez moi.
J’ai repris goût à la vie, mais aussi à la lecture.

Je me suis nourrie de mots, de poésie, mais aussi de luttes importantes, d’écologie, de féminisme, de racisme, de notion de privilège… et tout cela m’a emporté dans un imaginaire plus loin et plus enrichissant que si j’avais pris l’avion. J’ai appris à me tourner vers moi, plutôt que vers l’extérieur, j’ai découvert mon voisinage, la nature environnante et les oiseaux qui m’épient tout au long de la journée, et il y a tout autant de belles expériences à vivre ici ou là, en bas de chez soi, ou à proximité, si on s’en donne les moyens et qu’on prend le temps nécessaire pour s’y confronter.
Une métamorphose toutefois importante, une reconquête de soi, de son environnement, de sa manière de vivre, revoir ses principes, ses propres incohérences, et essayer chaque jour de s’améliorer, en s’ouvrant l’esprit, en essayant d’être moins égoïste, plus averti, et surtout plus activiste. Faire les choses avec son cœur toujours, et les yeux grands ouverts.

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Les lectures

Parmi les lectures que j’ai aimées en 2020, certaines ont clairement changé et chamboulé ma vie.
Voici les cinq que je retiens et vous conseille vivement :

***

Dans la forêt de Jean Hegland
King Kong Théorie de Virginie Despentes
Chez soi de Mona Chollet
La Part Manquante de Christian Bobin
Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse

***

Les podcasts

À écouter sur votre plateforme musicale préférée ou directement en ligne sur internet.

Par les temps qui courent sur France Culture
Quoi de Meuf ? de Nouvelles Ecoutes
Le bookclub de Louie Media
Émotions de Louie Media
Bouffons de Nouvelles Écoutes
Fracas de Louie Media
La Vagabonde par Lea Schiavo et Marine Stisi
Les couilles sur la table de Binge Audio
À bientôt de te revoir de Binge Audio
Parler comme Jamais de Binge Audio

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Les séries / films / documentaires

Par ordre de préférence

The Handmaid’s Tale - Cette série, tirée du célèbre livre de Margaret Atwood La servante écarlate est la plus belle (et peut-être aussi la plus dure) des séries que j’ai pu voir dans ma vie. L’histoire, la dystopie, la filmographie, la musique, le jeu d’acteurs : tout y est. Un savant mélange dont le lien entre fiction et réalité semble parfois si étroit qu’il en devient carrément flippant.
This is Us - La vie, la famille, la romance, le deuil. Beaucoup de larmes versées, mais une série prenante que j’adore. Seul hic, on pourrait lui reprocher un modèle patriarcal encore trop prenant pour une série aux allures contemporaines.
Six feet under - Une série en décalage, puisque d’une autre époque, mais en se projetant au début des années 2000 on comprend alors le côte avant-gardiste, mais aussi et surtout la dimension humaine et sociale hors du commun. Il n’y a pas de héros, pas de personnage principal, ce qui détonne pour l’époque, la série aborde la vie, ses problématiques, dans une vision imparfaite qui la rend profondément humaine.
Anne with an E - Anne est une orpheline, qui débarque aux Pignons Verts, pour y apporter de la joie, de grandes aventures, grâce à sa tchatche et son imagination débordante, cette série pétille et offre un moment de chaleur et d’espoir au milieu de grandes séries à succès dont on devine tout du début à la fin.
Downton Abbey - Je m’y suis mise assez tardivement, puisque j’ai découvert cette série durant le confinement, mais j’ai adoré plonger dans les histoires de la famille Crowley et de leurs serviteurs.
De nombreux personnages, une intrigue ascensionnelle, et une chouette histoire sur fond d’aristocratie anglaise.
Peaky Blinders - Une famille de gangsters qui contrôle et mène ses affaires à Birmingham sous la terreur de leur chef de clan, Tommy Shelby.
Okja - Le film se déroule en Corée, où la jeune Mija grandit avec une créature originale, nommée Okja, avec laquelle elle tisse des liens d’amitié au fil des années. Jusqu’au jour où elle découvre que l’animal a en fait été créé de toutes parts, et confié à son grand-père pour être élevé en bonne et due forme et rendu ensuite à la multinationale pour en faire le plus merveilleux des saucissons issus d’un élevage traditionnel, le tout sur fond de greenwashing. Une supercherie qui mènera Mija dans une course poursuite jusqu’aux États-Unis.
Cette histoire fantastique permet de dénoncer les aberrations liées à la condition animale dans l’industrie agroalimentaire.
The Leftovers - Déroutante, subjuguante, une série dont je n’ai toujours pas compris la fin, mais qui laisse pantois tout du long. J’éprouve beaucoup d’émotions à l’égard des musiques et du visuel général d’une série ou d’un film, alors autant vous dire que The Leftovers réunit ces ingrédients à merveille, ce qui a réussit à me toucher même si je n’ai pas accrocher à tout dans son ensemble.
Derrière nos écrans de fumée - Un documentaire décriant l’impact des réseaux sociaux sur nos vies, à voir sur Netflix.

Les musiques

Que serait la vie sans musique ? En 2020 j’aurais passé 82 067 heures à écouter :

Ce que 2020 m’aura appris

Elle tombait à pic pour ma part, ayant un grand besoin de pause, de me reconstruire, cette plongée en moi m’a fait le plus grand bien, et m’a permis de retrouver le temps perdu. De (re)trouver un sens à ma vie de trentenaire, cheminant toujours plus vite, toujours plus fort vers des voies plus engagées.

Ce qui ressort de cette année pour moi et sera mon fil conducteur pour les années à venir, je l’espère :
Moins prévoir • Lire plus • Moins organiser • Apprécier et chérir le temps passé en famille, entre amis • Privilégier les circuits-courts, les petits commerçants toujours plus • Soutenir des luttes qui me semblent nécessaires • Avoir le droit d’aller mal, ce n’est pas grave • Mesurer la chance que j’ai d’avoir un toit et un salaire • Être qui j’ai envie d’être, pour moi • Kiffer ne rien faire • S’affranchir du temps • Être en accord avec soi-même.

Sur ces simples mots, je vous souhaite un belle année 2021. J’espère qu’elle saura vous apporter un peu de bonheur et d’espoir, et beaucoup de sérénité dans cette sphère anxiogène. Prenez soin de vous.

 

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