Occi, village abandonné de Balagne

 

À quelques kilomètres de Calvi, niché à 377 mètres d'altitude, le village d'Occi offre un panorama à couper le souffle.
Abandonné depuis le XXème siècle, ses ruines sont le reflet d'un arrêt dans le temps, un voyage énigmatique dans le passé, qui laisse place à l'imaginaire.

Aujourd'hui on va parler de pierres. Mais pas que.

Le village fantôme d'Occi se trouve sur la commune de Lumio, il a cette particularité, qui caractérise bien la Corse et résume l'un de ses paradoxes, qu'est le fameux exode rural. Beaucoup de jeunes générations se tournent désormais vers les villes pour travailler, au détriment de petits villages de l'intérieur.
À l'époque aussi, puisque l'histoire nous apprend que ce village, construit sur un promontoire rocheux, a été, à l'origine, bâti par les habitants d'un village situé en contrebas sur le littoral, au lieu-dit Spano. Fuyant les Sarrasins, ils ont d'abord déserté les côtes, peu sûres, et se sont alors installés à Occi.
Alors qu'au XVème siècle, la population comptait 150 habitants, au fil des siècles, elle n'a fait que se décliner au profit des côtes. La vallée s'étant sécurisée, les jeunes ne voient plus l'intérêt de rester loin de la vie de la plaine et partent se marier et fonder leurs familles plus bas. Abandonné dès le début du XXème siècle, Occi est devenu un hameau, rattaché à la commune de Lumio.

Pour en découvrir plus sur l'histoire de ce petit village, on emprunte un sentier d'une trentaine de minutes qui nous mènera sur ce lieu empreint d'histoire. Christelle, Flo & ma petite Fayanna sont de la partie. On quitte Lumio par un petit chemin en terre, quelques minutes suffisent à nous offrir une admirable vue de Calvi jusqu'à Sant'Ambroggio. On respire les odeurs du maquis, par cette magnifique journée d'avril. On lâche nos premiers « wahhh », « wooww », « wahou », « hannn c'est beau » & autres dérivés d'onomatopées. On connaît bien cette vue pourtant, mais la voir sous ce nouvel angle provoque un petit quelque chose qui ne laisse pas indifférent.

Il fait particulièrement chaud pour un mois d'avril, on grimpe lentement, affaiblis par les rayons oppressants du soleil. La balade est agréable, parsemée de quelques arbustes qui sont les bienvenus sous ce soleil de plomb. Plusieurs minutes seulement sont nécessaires pour gravir cette montagne.
On devine alors le village disséminé sur le flanc des montagnes.

Les ruines d'Occi sont désormais faces à nous, l'âme du village peut alors se ressentir à travers nos pas, on se saisit de cet instant, où l'on fait un véritable bond dans le passé.
Haut-perché, le village offre une vue magnifique sur toute la côte, et l'on y découvre une magnifique église, (l'« Annunziata », restaurée en 2003), les ruines des anciennes habitations, une fontaine, et une aire de battage.

Occi est un village fantôme qui fascine. Figé, comme suspendu dans le temps, tout ici prend sens. On déambule entre les pierres en s'imaginant toute sorte d'histoires qui auraient pu être vécues ici. Ces ruines évoquent le passé et sont le reflet d'un arrêt sur images de l'histoire. Le souvenir d'un village aujourd'hui disparu, et qui, en l'état, favorise le développement de notre imaginaire.

L'aire de battage nous permet de jouir d'une vue sur Occi dominant la mer. Inhabité, déserté, chargé d'histoire, on ne peut s'empêcher de songer à la vie de la population durant ces siècles écoulés.
Est-ce une utopie ? le village d'Occi abrite les fantômes du passé, d'un temps révolu, que l'on cherche subitement à comprendre. Comment ces gens-là vivaient-ils à cette époque ? Avec quels moyens ? Une chose est sûre ils savaient se satisfaire de peu et produisaient eux-mêmes les ressources nécessaires à leur vie rurale.

Occi offre un joli contraste avec la vallée qu'il surplombe : le passé domine le présent. Ces ruines sont les preuves d'une époque révolue, mais qui s'insère dans une continuité. L'usure du temps, de la nature qui reprend ses droits, des seuls lézards qui vivent encore ici, dans ces pierres, la perception d'une histoire, d'un passé qui ne nous appartient pas mais avec qui l'on vit.

Difficile de mettre des mots sur ces pierres chargées d'histoire, pas un bruit ne vient perturber cette rencontre, des rapaces veillent sur ces ruines, nous nous faufilons entre les habitations, au milieu d'une végétation qui a repris ses droits, où cistes, lentisques, et parfois même des oliviers sauvages s'entremêlent à ces pierres.

Nous resterons ici un long moment, à écouter les sons marins, les bruits d'oiseaux et ce silence, souvent assourdissant. Rien ne pourra gâcher ce moment de douceur. Entre ciel et mer, perdus sur les hauteurs d'un belvédère, cette vue nous appartient pour un temps.

Le retour se fera par le même chemin, en quelques minutes seulement, à savoir que d'autres chemins de randonnée existent dans le coin, notamment pour rejoindre Lavatoghju, ou faire une boucle, mais l'on rebroussera chemin en sens inverse, en cette fin d'après-midi à l'allure estivale.


Depuis un peu plus d'un an, j'essaie, en complément de mon apprentissage de la photographie, d'intégrer quelques morceaux de vidéos, comme vous avez pu le voir lors de mon voyage en Egypte sur le Steam Ship Sudan
Moins à l'aise avec les logiciels et le montage qu'avec la photographie, je tâtonne mais commence à prendre vraiment du plaisir à allier quelques passages d'un voyage ou d'une randonnée, à mes reportages photographiques. Depuis plusieurs mois donc, mes voyages sont ponctués de petites vidéos, faites sur le fil, en GoPro ou avec mon appareil photo réflex, avec l'envie de vous faire partager des petits moments de vie, d'un voyage, d'un lieu.

Aujourd'hui, il s'agit d'un travail à deux, d'une balade en Corse, au milieu de ruines, que Flo a tourné et que j'ai moi-même assemblé.

Voici en vidéo, le résumé en une minute trente de ce qu'est ce village fantôme
(Cliquez sur HD pour une meilleure qualité)