Balade en raquettes à Asco

 

L'hiver aura été de courte durée, quelques centimètres en fin de saison sur les sommets, de quoi régaler petits & grands le temps d'un week-end.
Une éclaircie, & nous voilà parties en raquettes au-dessus de la jolie station de ski d'Asco.

Des températures dignes d'un printemps, il aura fallu attendre la fin de la saison pour avoir une bonne épaisseur de neige. Et encore, avec la chaleur, cela n'aura pas tenu longtemps. Aujourd'hui encore il reste plusieurs centimètres sur les hauteurs, mais pas de quoi s'esclaffer et être optimiste pour les années à venir. Nous avons eu en Corse, l'hiver le plus doux que nous ayons connu depuis fort longtemps... au grand désespoir de tous. La neige et le froid sont essentiels, ce sont eux qui régulent et alimentent nos rivières, la faune et la flore, et passer un hiver sans grelotter, sans faire de fumée avec sa bouche le matin, sans pouvoir mettre de bonnets, de UGG, ni même de grosse doudoune, je trouve ça flippant.

Alors voilà, au premier bulletin météo annonçant de grosses chutes de neige, je n'étais que joie. Et, ni une, ni deux, préparée à enfiler mes affaires d'hiver et partir à l'aventure.
Samedi matin, le temps encore bien incertain, mais des éclaircies attendues pour la journée, on s'engouffre dans la voiture direction la Vallée d'Asco. La station de ski ré-ouvre cette année après 24 ans de fermeture, c'est pas le moment de déconner avec les températures ! Une seule piste a été restaurée pour le moment, la réhabilitation se fera en deux hivers mais cela est déjà amplement suffisant pour aller s'éclater un week-end à 1 heure de route de Corté. Pour notre part, on va éviter la foule de l'ouverture et on va profiter de la couche épaisse pour marquer de nos pas cette belle neige bien fraîche qui nous est offerte, loin de tout, au milieu d'une forêt de pins aux allures de station de ski alpine.

La route est belle, elle me fait penser au défilé de la Scala Santa Regina (dans la région du Niolu), on se faufile à coups de virages, on s'engouffre dans ces merveilleux canyons, et, au fur et à mesure de notre ascension vers le village, on s'épanche sur la rivière, on lutte avec des vaches en liberté, le paysage se transforme, la bruine devient neige, la route est propre, mais la neige se fait de plus en plus importante. Nous ne sommes plus très loin de la station de ski.

Au bout d’une heure de route, nous y voilà. Les paysages sont splendides, où que l’on porte son regard, on se retrouve face à la beauté d’une forêt de pins, recouverte d’une neige qui s’est paisiblement invitée là. On est plus que ravies. Tels des enfants ébahis devant leur premier bonhomme de neige, cela faisait si longtemps que nous n’en avions pas vu autant, il a fallu monter à 1 400 mètres d’altitude pour retrouver ces plaisirs, autrefois périodiques, qui faisaient et défaisaient nos hivers.

On rejoint Sylvain et notre petit groupe pour un petit débriefing et un café rapides. On a choisit un accompagnateur pour cette balade car on ne connaissait pas les lieux, et le temps étant instable, la prudence était donc de rigueur.
On enfile nos raquettes, on ajuste nos bâtons, et nous voilà partis prendre un grand bol d’air frais. On rencontre des skieurs, cela fait plaisir de voir une piste de nouveau en service. La station de ski avait fermé son domaine skiable dans les années 90 à la suite d’intempéries, le réchauffement climatique n’arrangeant rien, les coûts de restauration étaient bien trop importants pour que la station redémarre, elle s’est donc essoufflée, bien que fréquentée par de nombreux adeptes.
Alors, des années plus tard, quel bonheur de voir de nouveau adultes et enfants retrouver les joies du ski dans ces paysages incroyables.

On entame notre promenade par une piste à proximité de cabines, toutes tellement mignonnes que l’on s’arrête tous les deux mètres pour les photographier. Et c’est là que l’on comprend (encore & encore) à quel point l'on est chanceuses d’habiter sur cette si belle île. Tout y est réunit. La mer, le soleil, la montagne, la neige, les paysages désertiques, le maquis, des sentiers de randonnées hors-normes, des massifs stupéfiants, de la nourriture à tomber, et, et, et voilà que je découvre que l’on a même des cabines en bois perdues au beau milieu de la montagne comme aux States ! Trente ans que je vis sur cette île, et tous les jours est une découverte en soi. Un voyage à domicile. Et je n’en suis qu’admirative chaque jour que Dieu fait. Bref, revenons à nos raquettes.

On prend notre temps, on progresse dans une neige épaisse, fraîche et intacte, et l'on entend notre poids s'enfoncer furtivement dans ce décor immaculé, le soleil s'immisce sournoisement à notre ascension, la vue se dégage en aval, et l'on se rapproche graduellement d'un brouillard épais, accroché aux sommets. Les nuages avancent rapidement, et dans leur course, balayent la montagne, ils ouvrent la vue sur le Monte Cinto, le Capu Larghia se fait mystérieux, et imposant.

La magie opère. On en oublie la difficulté de la montée. L’immensité de l’horizon, l’intacte clarté de cet environnement, on se sent tout petits face à ces panoramas grandioses. Notre accompagnateur nous livre quelques conseils utiles pour de futures balades en solo, comment appréhender les lieux, les risques d’avalanches, utiliser nos équipements, et les détecteurs de victimes… de quoi rassurer et prévenir les risques. Très instructif.

 

Deux heures se sont déjà écoulées sur les hauteurs d’Ascu-Stagnu, l’affluence gagne la station et les coins plus reculés, on emprunte un parcours alternatif avant d’entamer notre descente en foulées. Dévaler dans la neige en courant avec des raquettes, un moment plutôt marrant et qui nous permet de prendre conscience de la couche de neige qui nous entoure. Plus d’un mètre sous nos pieds, et quel pied, on a envie de se rouler dedans et de débouler jusqu’en bas. On va se calmer, on rentrera tranquillement au châlet, après trois heures de promenade sur les hauteurs de la station.

Ce week-end à la montagne était un vrai grand bol d’air frais dans notre quotidien, et la Corse c’est aussi ça, pouvoir manger des oursins au bord de l’eau, et monter skier une heure après. Un vrai bonheur.

Informations pratiques :

  • Outre la station d’Ascu-Stagnu, il existe deux autres stations de ski en activités à ce jour en Corse, une à Ghisoni, l’autre à Bastelica (Val d’Ese), de quoi varier ses activités hivernales donc.

  • Duo des Cîmes & Corsica Natura proposent des randonnées raquettes accompagnées dans le Sud ou le Nord de l’île à la journée ou pour quelques heures, ainsi que d’autres activités en saison estivale.

  • On ne le dira jamais assez, mais il faut toujours partir en checkant en temps et en heure les conditions météorologiques (très changeantes en haute montagne), ne pas hésiter à téléphoner aux chalets, partir équipés (chaudement, mieux vaut trop que pas assez) et renseignés sur le niveau de risque d’avalanche du jour. Avoir une quantité suffisante d’eau, une collation, une couverture de survie, une pelle, un DVA…

  • À savoir : comme souvent en montagne en Corse, la couverture réseau téléphonique est limitée, Orange couvre mieux l'île que les autres opérateurs, à Asco d'ailleurs, c'est le seul opérateur qui capte.