Balade à cheval dans la Vallée de l'Ostriconi au coucher de soleil

 

Aujourd'hui, on teste une nouvelle activité plutôt chouette, la randonnée équestre. Quoi de mieux qu'allier un paysage de rêve à une balade agréable au coucher du soleil ?
Nous voici parties entre amies pour un moment mémorable en Balagne.

Il y a quelques temps, j'ai vécu ce que l'on pourrait définir comme l'un des plus beaux moments de ma petite vie. Souvent à la recherche de nouvelles idées de balades sur notre île, on découvre dans un reportage télévisé l'existence d'un ranch plutôt sympathique. On décide donc de sauter le pas.

Arbo Valley est un centre-équestre situé en Balagne, avant d'arriver à Île Rousse, il propose, en plus de ses activités hebdomadaires, plusieurs balades à cheval, de quelques heures à la journée, pour débutants ou initiés. La pratique de l'équitation est une activité réputée sur notre île, et beaucoup de corses ont leurs propres chevaux, par passion ou en lien avec leur métier. De notre côté, nous sommes une bande de copines, novices en la matière, mais totalement emballées à l'idée de découvrir la Corse autrement, au moyen de locomotion authentique et original, dans un cadre idyllique avec une merveilleuse lumière de fin de journée. On choisit donc de partir pour deux heures trente, au coucher du soleil.

À notre arrivée au ranch, nous sommes briefées par un guide, qui nous donne de précieux conseils sur la pratique de cette activité, définit notre niveau et choisit en fonction de celui-ci le cheval qui nous correspondra parfaitement. Du plus fougueux au plus fainéant, ils ont tous un caractère et une allure spécifique qui sont à prendre en considération vis-à-vis de leur partenaire pour profiter pleinement de cette mini-aventure.

Il est temps pour nous de chevaucher nos montures, parées de nos plus belles bombes, le moment est déjà épique. Si cet aspect est propice à la rigolade, le reste de la balade n'en sera pas pour autant dépourvu.

Telles de vraies cavalières, on enfourche nos selles, fin prêtes à galoper dans le maquis à la découverte de superbes paysages du site naturel classé de la Vallée de l'Ostriconi.

Après avoir fait la connaissance de nos compagnons de route, harnaché nos chevaux, et mis les pieds à l'étrier, nous voilà parties à la découverte de paysages inconnus.
La plage de l'Ostriconi est une plage que l'on connaît mais fréquente peu de par son orientation ventilée et le fait qu'il faille dévaler puis remonter un chemin assez pentu. Pour ce qui est de sa vallée, à la lisière du Désert des Agriates, c'est une véritable exploration qui nous attend, puisque nous n'avons jamais mis les pieds plus loin que le bout de cette plage.

C'est au pas que nous débutons cette première partie de l'excursion. Au bout de quelques minutes de balade douce au milieu d'un décor mi désert-mi plaine aride, la terre fait doucement place au sable pour nous amener tranquillement sur la plage de l'Ostriconi.

Aussi farfelu et gourmand que moi, mon cheval n'a de cesse de s'arrêter n'importe où, brouter tout ce qui lui passe sous le museau, puis quand il se rend compte qu'il a pris du retard, se met à trotter pour rattraper le groupe, on dirait moi qui prend des photos en visite guidée lors d'un voyage et n'écoute rien aux explications du guide... Je n'aurais pas pu trouvé meilleur partenaire !
Attelée à mes rênes, je poursuis la balade plus ou moins tranquillement, dominant une crinière d'un noir profond recouvrant subtilement l'encolure de mon équidé, je peine à contrôler et influencer la direction et la vitesse de l'animal, mais ne lâche pas prise. Pas facile de s'improviser cavalière.

La vue s'ouvre sur la grande plage de l'Ostriconi, quelques plagistes profitent encore de la douceur de fin journée. On poursuit à une allure plus saccadée, mon cheval me fait toujours des blagues, et quand il prend un pas plus cadencé, au trot, me prenant alors pour une véritable cavalière, alors que je ne réponds plus de rien. Je manque à chaque fois de faire tomber mon téléphone avec lequel je tente de me débattre pour quelques misérables clichés.

On perd Audrey au fil des kilomètres, je crois qu'elle a déniché le cheval le plus pépère du centre-équestre. Entre fous rires et moments de solitudes, ambiance garantie sur ce parcours du combattant.

La luminosité s'affaiblit, les tons rougissent, le soleil décline et cela donne un côté mystique aux lieux, mélange subtil de rose-orangé qui nous ferait perdre la tête et oublier notre monture... À mesure que l'on pénètre au cœur de la vallée, nos pas se font plus cadencés, on découvre un maquis tel que l'on ne l'imaginait pas, dense et abritant des criques secrètes, que beaucoup de corses semblent ignorer.

On y découvre quelques touristes italiens profitant de plages désertes, pour un dernier bain avant la nuit, et l'on se dit que l'on reviendra explorer ces petits coins cachés en journée.
Pour l'heure, nous grimpons sur ce massif incliné sur la mer, on commence à se sentir à l'aise et en confiance avec nos chevaux. Notre guide nous propose alors un petit galop lorsque nous ferons demi-tour, je fais un peu la grimace mais je m'adapterais, disons que cela s'annonce plus difficile pour moi de photographier...

L’ascension de la vallée se termine bientôt, on en profitera pour faire une pause-photo avant de reprendre le chemin inverse par une crête dominant la mer. Et là, sensations garanties.

On entame notre descente avec une vue majestueuse sur la Balagne, empourprée par la magie d'un doux coucher de soleil, le cadre est chimérique. On en prend plein les yeux.
Entre l'effet poussiéreux des pas de nos chevaux, la mer et ses montagnes en fond, se dessinant dans une érubescence céleste, je crois que ce moment est l'un des plus beaux qu'il m'ait été donné de voir.

On savoure chaque minute, chaque détail de ce tableau qui s'expose sous nos yeux. Progressivement, nous nous inclinons dans ce paysage jusqu'à retrouver les jolies criques de notre début d'aventure, on reprend notre souffle et l'on se met à galoper. Entre rire et peur, on se sent vivantes.

Plus de deux heures se sont écoulées sans que nous nous en soyons rendus compte, la promenade nous a semblé si courte que nous voulons repartir de plus belle. Mais cela est sans compter sur nos courbatures du lendemain.